La sociolinguistique est une partie de la linguistique dont le domaine se recoupe avec ceux de l’ethnolinguistique, de la sociologie du langage, de la géographie linguistique et de la dialectologie.
Elle se fixe comme tâche de faire apparaître dans la mesure du possible la covariance des phénomènes linguistiques et sociaux et, éventuellement, d’établir une relation de cause à effet.
La sociolinguistique comme discipline est apparue dans les années soixante aux Etats-Unis sous l’impulsion de William Labov, John Gumperz et Dell Hymes. Cette discipline, qui a bénéficié des apports de certains courants de la sociologie, se propose d’étudier la langue dans son contexte social, à partir du langage concret plutôt qu’à partir des seules données de l’introspection. Elle s’est développée dans trois directions principales, la sociolinguistique variationniste, l’ethnographie de la communication et la sociolinguistique interactionnelle.
La sociolinguistique n’a pas pour but de faire ressortir les répercussions linguistiques des clivages sociaux. Elle doit procéder à des descriptions parallèles indépendantes l’une de l’autre : d’un côté, on, a des structures sociologiques, de l’autre des structures linguistiques et , ce n’est qu’une fois ces descriptions préalables achevées qu’on peut confronter les faits des deux ordres.
Antoine Meillet, dès 1906, est le premier à mentionner une linguistique sociale : « il faudra déterminer à quelle structure sociale répond une structure linguistique donnée, et comment d’une manière générale les changements de structure sociale se traduisent par des changements de structure linguistique ».
Le sociolinguiste américain Fishman donne, sous une forme un peu « journalistique », un contenu plus précis à cet ambitieux programme, en fixant pour objet à l’enquête linguistique de répondre aux questions suivantes : qui parle ? avec qui ? où ? quand ? pour dire quoi ? On voit bien que ce qu est pointé comme domaine d’investigation, c’est la parole.
Les concepts essentiels de la sociolinguistique
- La variation linguistique : On distingue le plus souvent trois types de variations. Une langue évolue dans le temps et dans l’espace, appelée variation diachronique. La seconde relative aux problèmes des français régionaux. La troisième est la variation sociale. Elle est la manifestation, dans le domaine linguistique, de l’influence des facteurs d’ordre social. Elle est l’un des objets de la sociolinguistique.
La relation entre phénomènes sociaux et linguistiques est multiforme et changeante, il n’existe pas une sorte de mécanique qui permettrait d’indiquer que tel phénomène linguistique reflète tel phénomène ou que tel phénomène social s traduirait par telle réponse linguistique. La parole apparaît comme une réponse adaptée ou non à une situation particulière , mais aussi comme révélateur d’un réseau complexe d’informations apparentes ou masquées , sur le locuteur, l’interlocuteur, et par delà, sur la communauté linguistique tout entière.
- La communauté linguistique : il est important de la distinguer de peuple ou de nation. Le peuple et/ou la nation américaine sont composés de communautés linguistiques différentes et parlant, toujours ou quelques fois ,d’autres langues que l’anglais « officiel » : langues amérindiennes, langues des communautés noires, il en est ainsi dans la plupart des pays du monde. Il faut considérer que la communauté linguistique est constituée elle-même de communautés linguistiques intérieures, plus petites définies par des critères comme l’âge, le sexe, la profession, le lieu de résidence, l’origine ethnique, etc. Ainsi, on peut établir un rapprochement entre la communauté linguistique et le groupe social, chacun des deux éclairant et équilibrant le sens de l’autre.
Une autre définition de la communauté linguistique est proposée par Christine de Hérédia à savoir qu’une communauté linguistique est ce que les autres ne sont pas.
- La norme linguistique : On appelle norme tout ce qui est d’usage commun et courant dans une communautés linguistique ; la norme correspond à l’institution sociale que constitue la langue standard. Le sociolinguiste constate l’existence de la langue, elle est à ses yeux une variété, parmi d’autres, de la langue. La norme n’empêche pas la variation linguistique.