C'est dans les cours fécondes en talents de ce qu'on peut appeler l'espace Plantagenêt, c'est-à-dire la cour d'Henri II Plantagenêt et de son épouse Aliénor d'Aquitaine (où écrit Marie de France) et la cour de Champagne, autour de Marie, fille d'Aliénor (avec Chrétien de Troyes), que la matière de Bretagne, peu après la matière antique, envahit le roman.
La matière de Bretagne s'inspire de légendes et contes celtiques transmis oralement. Elle puise ses thèmes et ses personnages dans un ensemble de récits et de motifs légendaires regroupés autour de la figure d'Arthur et de ses chevaliers de la table ronde. Résultant de la christianisation (partielle) des motifs du merveilleux celtique, elle reprend notamment les thèmes des Iles merveilleuses, de l'Autre monde, des fées amantes, cruelles ou bienveillantes, des créatures hybrides ou fabuleuses ; le Graal est (aussi) un avatar du chaudron magique de Bran, héros celtique, d'où les morts ressortaient vivants. Les romans bretons ont également des sources plus savantes, notamment diverses chroniques rédigées en latin depuis le VIe siècle : Geoffroy de Monmouth écrit en 1136 une Historia regnum Britanniae qui établit une filiation entre Troie et l'Empire breton, fondé par Brutus, fils d'Ascagne et petit fils d'Énée. Dès 1155, l'ouvrage est traduit en français par Wace (un clerc anglo-normand de la cour d'Henri II), c'est le Roman de Brut (1155), première apparition de la matière de Bretagne en langue romane.
Le principal représentant de la matière de Bretagne est Chrétien de Troyes, dont l'œuvre aura de multiples héritiers. Les différentes versions de Tristan et Iseut en font aussi partie, de même que les œuvres de Marie de France.