L'activité théâtrale aux alentours de 1600 a lieu essentiellement en province (représentations par les élèves des collèges jésuites, troupes itinérantes). Il n'y a rien à Paris, hormis un lieu, l'Hôtel de Bourgogne, loué à prix d'or à quelques compagnies de passage. En 1629, sous l'impulsion de Richelieu, les "Comédiens du Roi" s'installent à demeure à l'Hôtel de Bourgogne, bientôt concurrencé par le Théâtre du Marais (1635) et le Palais-Royal, salle spécialement construite en 1643 pour des représentations. Entre 1673 et 1680, les trois compagnies fusionnent pour former la Comédie Française. En cette fin de siècle, existent deux autres lieux de spectacles dans la capitale : l'Opéra et la troupe des Italiens (spécialistes du mime et de la "Commedia dell'arte") dont le succès ne s'est jamais démenti depuis leur installation en France en 1653.
Seule activité culturelle accessible aux illettrés, le théâtre est un art populaire. Le public est divers, chaque groupe occupe une place spécifique dans la salle : le peuple se tient debout au parterre, la bourgeoise est installée dans les loges et l'aristocratie enfin est assise sur scène, aux côtés des comédiens. Une représentation est toujours mouvementée : l'auditoire est bruyant, agité, n'hésitant pas à apostropher les acteurs, à vider une querelle voire à interrompre la pièce. Les salles sont larges et étroites (ce n'est qu'en 1689 qu'on construira un théâtre rond) avec une toile peinte pour des décors immuables : vestibule royal pour les tragédies, rues ou salons bourgeois pour les comédies. Les entractes permettent de "moucher les chandelles" et d'éviter ainsi l'enfumage du lieu.
En dehors de nombreuses représentations privées, les différentes troupes se concurrencent férocement, le public étant malgré tout restreint, et tentent de séduire les auteurs qui commencent à toucher une partie des recettes à partir des années 1650. Les acteurs, typés (la jeune première, le nigaud, l'amant, etc.), possèdent un jeu très marqué, bouffon ou déclamatoire. Certains deviennent célèbres et considérés (Jodelet, Gaultier-Garguille, Montdory, Monfleury, Floridor, Molière, Melle du Parc, La Champmeslé ou Dancourt), mais restent des marginaux car l'Eglise excommunie toujours les comédiens, en témoigne l'enterrement à la sauvette de Molière.