Les successeurs de La Rochefoucauld varieront le genre, sans le renouveler. Les maximes de Rousseau (1679), de Sergé. (1682), de Vernage (1690), de Boucher (qui met en 1684 les maximes de La Rochefoucauld en vers — ce qui est un procédé assez courant à l'époque, mais qui semble assez absurde, puisqu'elles deviennent deux fois plus longues, que la contrainte du vers en affaiblit la pensée, sans parler de certains faux sens ou contresens faits vis à vis de l'original) — de Leven de Templery (1690) et d'autres sont bien tombées dans l'oubli. Variations, réécritures, développements, rectifications des maximes de La Rochefoucauld, tout cela n'est guère conséquent et Templery aurait dû appliquer à lui-même sa propre maxime : « Si c'est un vice de se servir trop souvent des maximes qui sont déjà inventées, c'en est un encore plus grand d'en inventer de fausses ». Nous sommes bien loin du renversement systématique des maximes qu'opérera bien plus tard Lautréamont.
La postérité se souviendra cependant de Vauvenargues qui se livre à une critique en règle, opposant une conception nouvelle, celle de la philosophie des Lumières à la pensée classique. « En discutant ainsi quelques-unes des maximes du duc de La Rochefoucauld je crois sentir, aussi bien que personne, combien elles sont ingénieuses; mais c'est parce qu'elles ne me paraissent qu'ingénieuses, que je les attaque » (Critique de quelques maximes du duc de La Rochefoucauld). Ainsi réhabilite-t-il les passions si critiquées par La Rochefoucauld : « Nous devons peut-être aux passions les plus grands avantages de l'esprit » (Maxime 151) ou la nature. Alors que La Rochefoucauld écrivait que « l'esprit est toujours la dupe du cœur », Vauvenargues répond que « La raison nous trompe plus souvent que la nature » (Maxime 123) et que « les grandes pensées viennent du cœur » (Maxime 127). La bienveillance et la douceur, la sérénité d'un tempérament, en dépit de ses souffrances physiques, font que son œuvre apparaît aussi stimulante et optimiste, pleine de sensibilité et de finesse, que celle de La Rochefoucauld est « désolée et désolante » (D.L. Gilbert, Préface aux Œuvres complètes de 1857). C'est sans doute pour cette raison que Vauvenargues n'a pas connu la même célébrité que d’autres, misère et noirceur étant les clous du spectacle de l’aphoriste confirmé! Rivarol, dont les traits d'esprit furent publiés après sa mort (1801), fut le dernier représentant d'un genre qui finit avec la société d'Ancien Régime. « La populace croit aller mieux à la liberté quand elle attente à celle des autres » ; « Malheur à ceux qui remuent le fond d'une nation » ; « Un peu de philosophie écarte de la religion, beaucoup y ramène » sont de brillantes maximes dispersées d'un siècle qui s'achève.