Il présente sa propre œuvre comme étant différente des Pensées de Pascal et des Maximes de La Rochefoucauld : « moins sublime que le premier et moins délicat que le second ». Le moins délicat n'est pas sans une pointe critique sous-entendant le côté artificiel de l'écriture au détriment d'une vérité humaine pour laquelle va la préférence de La Bruyère. « Ce ne sont point au reste des maximes que j'ai voulu écrire : elles sont comme des lois dans la morale, et j'avoue que je n'ai ni assez d'autorité ni assez de génie pour faire le législateur ». II est difficile de faire des maximes après La Rochefoucauld. Les maximes de La Bruyère ne sont pas inintéressantes, loin de là, et certaines soutiennent le parallèle avec celles du grand maître. Mais le génie de La Bruyère n'est pas là :
«Je sais même que j'aurais péché contre l'usage des maximes, qui veut qu'à la manière des oracles elles soient courtes et concises. Quelques-unes de ces remarques le sont, quelques autres sont plus étendues : on pense les choses d'une manière différente, et on les explique par un tour tout aussi différent, par une sentence, par. un raisonnement, par une métaphore ou quelque autre figure, par un parallèle, par une simple comparaison, par un fait tout entier, par un seul trait, par une description, par une peinture : de là procède la longueur ou la brièveté de mes réflexions.»
Il est dans les caractères et portraits qui alternent heureusement avec les maximes en opposition ou en harmonie.
Chamfort, volontairement ou non, puisque c'est Guingené qui classe ses papiers, avait réuni Maximes et Pensées, Caractères et Anecdotes. Il est intéressant de voir comment une anecdote peut être le germe d'une maxime, ou comment une maxime peut être à l'origine d'un portrait.