Si Molière domine véritablement la comédie du Grand Siècle, il ne fut pas cependant le seul dramaturge à œuvrer dans ce genre, inexistant sous Henri IV mais représentant les trois quarts de la production théâtrale à la fin du règne de Louis XIV. Jusque dans les années 1620, n’existe pratiquement que la farce, pièce courte en vers, caractérisée par des situations standard, des personnages stéréotypés, la bouffonnerie et l’importance du jeu des comédiens (tels Gros-Guillaume ou Turlupin).
L’émergence d’un public plus cultivé a pour effet l’apparition d’un nouveau comique. En 1629, Corneille crée la comédie sociale et morale (Mélite), bannissant les personnages ridicules au profit d’individus réalistes en prise avec des problèmes de la vie quotidienne. Il est suivi d’écrivains comme Du Ryer ou Desmarets de Saint-Sorlin. Rotrou travaille quant à lui à faire le lien entre comédie et tragi-comédie. L’influence du théâtre espagnol est également visible : de nombreux auteurs (Rotrou, Le Metel d’Ouville, Corneille encore) utilisent déguisements, intrigues rigoureuses et complexes, jeux de scène animés et surtout un personnage essentiel, le "gracioso", valet couard et suffisant. Ce protagoniste est aussi au centre du théâtre burlesque, notamment chez Scarron qui souvent écrit ses pièces en fonction de son acteur fétiche, Jodelet.
Puis Molière vint. Adaptant son œuvre à l’ensemble des publics, il explore tous les genres (farces, comédies de caractère et de mœurs, ballets, etc.). Son succès en fait le maître d’une nouvelle génération : Montfleury, Donneau de Visée, Poisson, Thomas Corneille, Quinault. Après sa mort, la production comique, de plus en plus considérable, tend à se scléroser par sa répétitivité et ses clichés. Quelques écrivains pourtant innovent, infléchissant la comédie vers une satire sociale plus mordante (Régnard) et une peinture des mœurs où prédominent les femmes (Dufresny), ouvrant la voie à Lesage et Marivaux.