1- Les tendances idéologiques du XVIIIe Siècle
- Les auteurs sont le plus souvent des « philosophes » ou leurs disciples directs, mais ils n’en acceptent pas les valeurs immoralistes et individualistes. Leur œuvre vise essentiellement à mettre la personne en accord avec le monde, à fonder un nouveau moralisme du sentiment, qui s’oppose dans la pratique à l’observation précise qu’ils font de la violence et de l’originalité des passions.
- La société leur apparaît comme fondamentalement opposée à la morale, à la nature, à la bonté primordiale de l’homme ; aussi seront-ils plus révolutionnaires que la philosophie libérale.
- Leur foi dans la bonté de la création du Créateur imprègne leurs œuvres de religiosité. Par cette religiosité et par la volonté de réforme sociale, ce mouvement se lie à l’expansion de la Franc-Maçonnerie (société en partie secrète qui a pour but de travailler au perfectionnement de l’humanité).
2- Les tendances esthétiques du XVIIIe Siècle
- Abandon de la notion classique de Beau au profit d’une recherche de l’émotion, donc d’une forte participation du lecteur et d’une plus grande implication de l’écrivain dans son œuvre.
- L’esthétique du Sublime repose sur le dépassement dans l’émotion artistique des normes communes.
- La notion de « Génie », désormais appliquée à l’écrivain créateur et liée aux notions de nature et d’enthousiasme, privilégie l’improvisation sous la dictée des passions plutôt que la composition réfléchie.
- Pour la première fois dans l’histoire de l’esthétique, s’affirme nettement des valeurs individuelles « modernes » (qui refusent de se conformer à une tradition immuable).
- En rapport avec la traduction d’œuvres anglaises, ce sont les thème (jardin, clairs de lune, etc.) qui évoluent plus que la forme (qui est néoclassique).
3- Littérature, arts et savoirs au XVIIIe Siècle
- La critique d’art de DIDEROT montre la convergence de l’esthétique littéraire avec la nouvelle école de peinture (Fragonard, Greuze, Hubert Robert) ; composition plus dynamique et plus colorée, thèmes traités avec pathétisme.
- Une nouvelle vision de la nature s’impose : jardins à l’anglaise, goût pour les ruines, pour le pittoresque et les contrastes entre le suave et le terrifiant, inspirent la sensibilité et la rêverie.
4- Les principales formes littéraires
- Un genre nouveau : le drame. En principe voué au réalisme psychologique et social, en pratique au moralisme et au sentimentalisme.
- Le roman connaît les mêmes contradictions ; il est pris entre l’élan novateur (voire révolutionnaire) et un nouveau conformisme du sentiment : les œuvre les plus neuves sont aussi celles qui ont l’écriture la plus stéréotypée.
- En revanche, l’autobiographie avouée (Rousseau) ou voilée (Restif) donne naissance à un style nouveau.
- La description des paysages recherche le pittoresque (déjà appelé « romantique »), et l’exotique sous l’influence de nombreux récits de voyages.
- Les techniques de la description sont mises au point, ainsi qu’une sorte de répertoire des paysages types, associés à certaines émotions (montagnes, lacs… chez Rousseau).