Une seconde série de questions nous permet d’examiner les techniques d’écriture qui permettent l’insertion de l’espace dans le texte narratif et son mode de fonctionnement.
A- L’insertion de la description spatiale dans le texte :
Il faut, pour comprendre le fonctionnement de l’espace, se demander comment est-ce qu’il s’inscrit dans le vaste ensemble que constitue le récit. Il faut savoir tout d’abord comment est-il désigné. Sa désignation peut se faire :
Par ancrage lorsque le Neur indique l’espace décrit au début du passage, ce qui permet une plus grande compréhension.
Exemple : « Il contemple le Monument aux morts , il était imposant, blanc, et éclatant dans le bleu du ciel »
Par affectation lorsque le Neur retarde l’indication du thème qui dans certains texte n’intervient qu’une fois la description achevée. Cette technique a pour effet d’augmenter le mystère et la surprise.
Exemple : « il contemple un monument imposant, blanc et éclatant dans le bleu du ciel. C’était le Monument aux morts »
Il faut savoir, ensuite, est-ce que sa description est motivée (c'est-à-dire nécessaire à l’histoire) L’insertion de la description (d’un espace ou d’un personnage) dénonce toujours le caractère artificiel du récit, puisqu’il est une pause de l’action (alors qu’en vérité l’action ne s’arrête pas pour permettre la perception d’un espace ou d’un personnage). Cet artifice « conduit »le narrateur à penser un ensemble de techniques afin de la rendre plus naturelle. Par exemple, il mettra la description sur le compte d’un personnage qui découvre un nouvel espace (la description dans ce cas là est motivée par le déplacement du personnage).
Il existe cinq phases qui motivent l’insertion d’une description spatiale :
la mention d’un personnage qualifié découvrant un lieu qui attire son attention.
la notation d’une suspension dans le récit au profit d’une intériorisation, ce qui permet la construction (et donc la description) d’un espace psychologique.
l’utilisation des verbes de perception : voir, observer, remarquer, apercevoir, …
la référence dans le texte de l’espace décrit.
l’entrée dans le récit en utilisant un incipit avec exposition explicative
B- Mode de fonctionnement de la description spatiale
Un certain nombre de questionnements nous permet de comprendre comment est-ce que la description spatiale, comme unité autonome, obéit à un fonctionnement distinctif.
Elle doit obéir à :
un certain nombre d’opérations :
Il y a deux façons de décrire une réalité spatiale soit on mentionne ses différentes caractéristiques, soit on la compare aux autres objets de l’univers (textuel ou humain). La première façon est appelée l’aspectualisation, la seconde la mise en relation.
L’aspectualisaton indique l’aspect de l’espace décrit en mentionnant ses propriétés et ses parties. La mise en relation précise le lien de l’espace décrit avec d’autres espaces de l’univers et ceci en ayant recours à sa situation (sa place dans le temps et l’espace global) ou l’assimilation (en le rapportant à d’autres réalités grâce à des comparaisons ou à des métaphores)
une organisation qui assure la cohérence :
Afin d’éviter une simple liste de propriétés, le Neur tente le plus souvent s’assurer une cohérence à la description spatiale. Il peut la structurer géographiquement en ayant utilisant des indications situant l’espace décrit verticalement, horizontalement, en profondeur. (généralement appliqué pour une description statique) Il peut aussi avoir recours à des adverbes temporels (d’abord, ensuite,…) Il peut animer la description en appliquant des verbes de mouvement (appliqué pour les descriptions itinérantes) Il peut, enfin, graduer sa description du plus grand au plus petit ou inversement, du plus flou au plus détaillé.
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