À partir du milieu du XIIe siècle, le lyrisme courtois s'implante aussi dans le nord de la France.
Cette avancée géographique est un passage de la langue d'oc à la langue d'oïl, et ne va pas sans quelques transformations. Les poètes que l'on nomme trouvères (transposition de troubadour) adaptent en langue d'oïl les structures formelles et les motifs de la canso. Ils adoptent un style plus simple, d'allure plus populaire, et font évoluer la poésie vers un lyrisme non courtois, découvrant de nouvelles formes poétiques. Ces formes ne sont pas totalement inventées par les trouvères, elles sont parfois reprises de genres plus anciens, de formes transmises par la tradition orale. Il n'en reste pas moins que la translatio lyrique vers le nord s'accompagne d'un renouvellement thématique et formel. Le goût a sans doute changé : le style poétique des troubadours commence à paraître ésotérique et distant, face à un ton plus personnel chez les trouvères.
Parmi les 200 noms connus de trouvères on trouve un certain nombre de nobles de haut rang (Jean de Brienne, Gace Brulé, le Châtelain de Coucy, Conon de Béthune), mais également des clercs formés par l'église : Hélinant de Froidmont, par exemple, a vécu à la cour, puis devient moine près de Beauvais. Les riches villes du nord de la France deviennent peu à peu des centres littéraires importants, autour des puys, sociétés littéraires qui organisent des concours de poésie. Jean Bodel, qui écrit au XIIe siècle, appartient ainsi à la confrérie des jongleurs d'Arras. L'un des trouvères les plus connus appartient à leur deuxième génération, au XIIIe siècle. Thibaut de Champagne, roi de Navarre est le plus célébré de son temps, il sera salué par Dante comme un précurseur.