Outre les coteries, les groupes politiques et culturels, la publication d’écrits divers, il existe plusieurs moyens pour les gens de la "bonne société" de se faire entendre. Et c’est à cette époque qu’apparaît un nouveau mode d’expression promis à un bel avenir : la presse. Les premiers journaux se développent en Allemagne pendant la Guerre de Trente ans, les gens étant avides de nouvelles. En 1631, Théophaste Renaudot crée La Gazette, sous les auspices de Richelieu qui l’utilise pour soutenir son pouvoir. Longtemps La Gazette sera le seul périodique autorisé à diffuser des informations politiques. Son succès entraîne la création d’autres journaux, notamment Le Journal des savants (1665) et Le Mercure Galant (1672). Le "privilège royal" qui leur permet d’exister délimite néanmoins strictement leur contenu, interdisant toute rubrique sur les affaires de l’Etat. Se rabattant alors sur les potins mondains et les sciences, ils évoquent cependant les grands problèmes de l’heure à travers des débats d’idées et les critiques de livres. Ils fournissent aussi un débouché à certains écrivains en publiant des textes inédits
Mais les journaux ne touchent qu’une minorité aisée. Au mitant du siècle, la Fronde est un moment particulier pendant lequel toute la population, du moins celle de Paris, va s’exprimer. Près de cinq mille libelles sont imprimés durant cette période d’effervescence politique et sociale. Ces "Mazarinades" touchent à tous les aspects de la vie du temps. L’ensemble des écrivains est mobilisé, voire embrigadé au service des différentes factions. Cette masse de pamphlets donne une idée des goûts culturels de l’époque et dresse un tableau assez précis du langage (néologismes, archaïsmes, traits populaires, etc.). On y trouve tous les styles : burlesque (c’est l’apogée du genre), romanesque, baroque, maniériste. Les conséquences sur la façon d’écrire sont notables : la brièveté remplace les longues phrases équilibrées de la période précédente. Michelet affirmera deux siècle plus tard que le grand acquis de la Fronde en est "la nouvelle langue française, née des Mazarinades", "légère, rapide et chaude, admirablement lumineuse".