Au début du siècle, coexistent deux types de spectacles : les "parades" et farces des rues, et les pastorales jouées dans des cercles restreints à destination d'un public noble et lettré. Puis s'impose pour plus d'un demi-siècle la tragi-comédie, mêlant drame et comique dans une mise en scène saisissante. Mais une volonté d'ordre et de clarté émerge peu à peu entre 1635 et 1660, et les règles classiques s'imposent finalement à la fin de cette période de transition qui voit les dramaturges alterner tragi-comédies d'une part et comédies et tragédies de l'autre. De 1660 à 1685, c'est le triomphe absolu du classicisme et l'apogée de la tragédie et de la comédie. Après 1690, le théâtre est en butte aux attaques du parti dévot et se renouvelle peu, malgré l'influence italienne grandissante et une timide critique sociale dans les comédies.
La transformation du public explique en partie ces évolutions. La tragi-comédie attire un auditoire populaire dans un théâtre qui s'institutionnalise en se produisant dans des salles spécifiques. La comédie, remportant les voeux d'un large public, connaît un essor considérable (7 % au début du siècle, 70 % vers 1700). D'autre part, le succès des salons et le développement des divers types de sociabilités (préciosité, mondanité, honnêteté) séduit un nouveau public (bourgeois, nobles de cour, femmes lettrées) qui refuse l'outrance et assure le succès du classicisme. Les pièces passent ainsi d'une esthétique baroque reposant sur l'excès et la profusion à une sobriété dépouillée de tout artifice où le texte est roi et où "les images se forment par l'intelligence du vers" (Racine).
Si le spectaculaire déserte le théâtre, il se retrouve dans les fêtes somptueuses données à Versailles, dans les comédies-ballets qui enchantent les courtisans et surtout dans les "pièces à machines" où priment émotions et effets visuels stupéfiants : fantômes et éclairs, jeux d'eau et feux d'artifice, monstres volants et changements de décors, etc. L'importance prise par la musique dans les divertissements conduit à l'invention d'un opéra français sous la conduite du musicien Lully et du dramaturge Quinault.
Le "Grand Siècle" est donc bien en partie celui du théâtre. S'imposant dans toutes les couches sociales urbaines par sa diversité et ses chefs-d'œuvres, son double aspect (littérature et spectacle) et son succès lui acquièrent un statut prééminent dans la vie culturelle.