Les contes qui ont pour thème « deux frères » mettent en scène deux personnages opposés. L’un est prudent et raisonnable, mais prêt à risquer sa vie pour sauver l’autre qui s’expose follement à de terribles dangers (Ali baba et les quarante voleurs, par exemple).
Ces deux héros représentent deux tendances contradictoires : la tendance à l’indépendance et à l’affirmation de soi et, son contraire, la tendance à rester en toute sécurité à la maison, attaché à ses parents. C’est ainsi que l’un des frères pousse l’autre à quitter *la maison familiale. Ce voyage à l’extérieur du foyer symbolise un éloignement de son passé. Cependant, le lien n’est pas totalement coupé : le personnage revient souvent dans le pays natal. Le conte semble dire que vivre trop attaché à son passé empêche de s’épanouir mais vivre sans passé conduit au désastre. Il s’agit donc de trouver un juste milieu.
En quittant la sécurité parentale, les personnages rencontrent, en premier lieu, la forêt où ils se perdent. Ce lieu terrifiant symbolise notre inconscient qu’il importe d’organiser mais surtout de respecter. La sorcière y élit demeure représentant la mère néfaste de la crise oedipienne qu’il faut combattre et aboutir à la différenciation aussi bien psychique que sexuelle. L’enfant, au sortir de la forêt, s’éloigne du stade de la non-différenciation. Se distinguant du frère en acceptant sa différence, l’enfant construit sa personnalité. A ce niveau, les frères ne sont que deux aspects contradictoires de la personnalité.
Le moi, le ça et le surmoi se développent et tant qu’une intégration totale de la personnalité n’est pas réalisée, le ça (les passions instinctives, la nature animale) vit en mauvaise harmonie avec le moi. Pour que l’intégration s’accomplisse, l’enfant doit éliminer tout ce qui, en lui, est asocial (aspect animal ou autre), destructif (prince détruisant les villages) et injuste.