La glossématique a été créée par Louis Hjemslev, d’après le grec, « glossa », pour désigner la théorie qui se donne la langue comme but en soi et non comme moyen. Elle préconise une connaissance immanente du langage ; la langue est considérée comme une structure fermée sur elle-même ; elle veut déterminer ce qui commun à toutes les langues humaines quelles qu’elles soient et ce qui fait qu’à travers diverses fluctuations une langue reste identique à elle-même. Fondée sur le principe d’empirisme, la description doit être sans contradictions exhaustive et la plus simple possible. Il faut donc abandonner la méthode inductive, qui prétend aller du particulier (les données) au général (les lois). Elle ne peut dégager que des concepts valables pour un système linguistique donné. La glossématique sera donc une méthode déductive, qui procède à partir d’un nombre restreint d’axiomes rigoureux à la détermination de classes. S’appuyant sur Saussure, Hjemslev fait d la structure immanente de la langue l’unique objet de la linguistique. La langue n’est qu’une forme et non une substance : aucune idée, aucun objet ne préexiste à la langue ; chaque langue pratique un découpage original de la réalité. Par exemple le spectre des couleurs est une matière indépendante du réseau de signes que chaque langue instaure dans cette substance. Quant à la forme, elle représente les propriétés combinatoires des unités qui résultent de l’analyse des signes. Ce type ne concerne pas seulement le contenu sémantique des langues, il a son correspondant au niveau de l’expression, de la manifestation sonore. On pourra ainsi parler de matière, de substance et de forme aussi bien sur le plan du contenu que sur le plan de l’expression.
La glossématique tend ainsi à attribuer à toutes les langues, comme caractère commun, le principe de la structure. Les langues se différencient simplement par la manière dont s’applique ce principe.