Dès la fin du XIIe siècle, la poésie acquiert dans certains genres un ton plus personnel, qui marque la naissance d'un lyrisme au sens moderne d'expression du je, de parole poétique. Les Vers de la Mort d'Hélinand de Froidmont (v. 1194-1197) sont très célèbres au Moyen-Âge : après une jeunesse frivole, le poète se retire au monastère de Froidmont et adresse à la Mort personnifiée une cinquantaine de strophes où la virtuosité formelle (chaque strophe de 12 octosyllabes repose sur un jeu de rimes complexe, basé sur 2 rimes seulement : aab aab bba bba) voisine avec une signification forte et la souligne. Ces poèmes se caractérisent par la volonté de surprendre et d'émouvoir, des phrases simples comme des proverbes, une imagerie religieuse très concrète. Au XIIIe siècle, de nombreux textes s'en inspirent, à commencer par les émouvants Congés (1202) où Jean Bodel, frappé par la lèpre, fait ses adieux au monde. Le genre du congé est ensuite repris par exemple par Baude Fastoul (en 1272) ou Adam de la Halle (vers 1280).
Dans tous ces poèmes, ainsi que dans les Poèmes de l'Infortune de Rutebeuf ou plus tard les rondeaux de Charles d'Orléans ou le Testament de François Villon, le je est très présent, le poète se représente fréquemment dans le poème, qui est l'occasion d'une méditation sur la vie et la création poétique, le ton est autobiographique, même s'il s'agit souvent de fausses confidences (le je poétique n'est pas au Moyen-Âge le je du poète).
Le XIIIe siècle voit également la naissance du dit ou ditié, forme souple de longueur variable, en octosyllabes à rimes plates. Comme l'indique son nom, le dit n'est pas destiné à être chanté : c'est un discours, une théâtralisation de la poésie, qui mime la parole et fait une large place à la première personne. Rutebeuf compose de nombreux dits, et le genre aura un grand succès aux XIVe et XVe siècles.