Après son épanouissement au XIIIe siècle, la forme romanesque connaît peu d'évolutions aux XIVe et XVe siècles : l'Allégorie et l'Histoire envahissent le roman, et l'invention romanesque marque un temps d'arrêt.
A partir du XIVe siècle, la forme du récit narratif est la prose, et le vers apparaît comme une forme désuète. A la demande du public, on s'emploie donc à "mettre en prose", ou à "dérimer", de nombreux romans en vers et chansons de geste des XIIe et XIIIe, ce qui abolit les différences formelles entre roman et chanson de geste, et fournit l'occasion de remanier ou restructurer certains grands cycles (le Roman de Guillaume d'Orange (av. 1458), utilise ainsi treize chansons différentes du cycle). Ces mises en prose connaîtront un succès durable : au XVIe siècle, elles seront souvent imprimées et feront partie des classiques de la littérature populaire de colportage.
Les romans originaux de cette période sont souvent des romans allégoriques. Dans le Roman de Fauvel (1310-1314) de Gervais du Bus (fin XIIIe - ap. 1338), le héros, un cheval, est la figure emblématique du triomphe de la Fausseté. Dans le Livre du Cuer d'Amour espris (1457) de René d'Anjou (1409-1480) le chevalier Cuer, en compagnie de son écuyer Désir, part en quête de sa Dame (Merci) détenue par Danger. S'inspirant à la fois du Roman de la Rose et de la Quête du Graal, ce roman affiche ouvertement ces modèles, et se veut la synthèse, pleine de mélancolie, du lyrisme et du roman courtois.
Antoine de la Sale (1385 ou 1386 - vers 1460) aventurier et polygraphe, est l'auteur du Paradis de la reine Sibylle (récit d'un voyage en Italie), et de la Salade (essai didactique mêlant des jeux de mot sur son nom à toutes sortes d'herbes). Il commence le Petit Jehan de Saintré (1456) comme un roman d'apprentissage courtois avec l'éducation sentimentale et chevaleresque d'un jeune page par la "Dame des Belles Cousines", mais le termine comme un fabliau avec la chute brutale du héros dans une réalité triviale (la rencontre avec un gros abbé amant de la Dame et sa vengeance finale).