Au XIVe siècle le roman est préoccupé par les origines et le lignage. Deux vastes romans en prose sont aussi des romans des origines : Ysaye le triste (ap. 1350) raconte l'histoire du fils de Tristan, et Perceforest (vers 1340), tente de réunir la légende d'Alexandre et celle du Graal (Perceforest, frère d'Alexandre, devient roi de Bretagne), et met en place les lignées d'Arthur et des principaux chevaliers de la Table ronde. Mais si le roman des origines retrace l'histoire fabuleuse d'un royaume, d'un grand personnage, c'est souvent dans le but de donner des lettres de noblesse et un lignage mythologique à des familles qui ont besoin d'asseoir des ambitions politiques.
Le plus célèbre, le Roman de Mélusine, récupère, sur une commande de Jean de Berry, une légende ancienne aux origines mythiques : de l'union de Raimondin avec la fée Mélusine (qu'il perd pour l'avoir, malgré son interdiction, vue se baigner, métamorphosée en serpent jusqu'à la taille) naît une puissante lignée, celle des Lusignan, dont le roman raconte le destin à travers celui des fils de Mélusine. Il en existe deux versions, l'une en prose par Jean d'Arras (1392-1393), l'autre en vers, quelques années plus tard, par Coudrette.